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12. Comment et pourquoi utiliser les réseaux sociaux pendant la période électorale?

Facebook, Twitter, Google+, Instagram… tout le monde connaît aujourd’hui ces réseaux sociaux dont les mots d’ordre sont proximité et instantanéité. De plus en plus de politiques comprennent l’importance de ces plateformes de partage sur lesquelles ils diffusent discours, programmes politiques et invitent les militants à se mobiliser. Les professionnels de la communication politique se sont approprié ces outils et aujourd’hui, les équipes de campagne s’inquiètent tout autant du nombre de participants à un meeting que du nombre de fans sur la page Facebook de leurs candidats. Avoir 120 000 amis sur Facebook ne garantit pas forcément une victoire électorale, mais il s’agit désormais d’un indice non-négligeable.

A la fois sources d’informations et canaux de diffusion, les réseaux sociaux – et plus généralement internet – permettent aux journalistes d’avoir un contact en apparence direct et permanent avec les politiques et notamment de suivre l’évolution de leurs idées, de leurs propositions, etc. L’immédiateté étant de mise sur les réseaux sociaux, la masse d’informations produites par les partis politiques eux-mêmes s’est fortement accrue. Mais attention, la disponibilité de l’information ne signifie ni sa véracité, ni sa pertinence. Les tweets des personnages publics sont avant tout des actes de communication. Il est donc encore et toujours indispensable de vérifier l’information et de se demander pourquoi elle est diffusée.

CANAUX D’INFORMATIONS ET DE DIFFUSION

Pratiquer une veille régulière sur les réseaux sociaux semble primordial pour être au courant de ce qui s’y passe. Faites-vous, d’une part, une liste de comptes « fiables » en termes d’information et, d’autre part, abonnez-vous aux comptes Facebook officiels des candidats et suivez-les sur Twitter. Tout ce que vous trouverez sur les comptes officiels peut servir de matière première pour la préparation de vos interviews. Celles-ci seront la prolongation des informations récoltées auparavant. Sur Twitter (et Facebook), identifiez les personnalités à suivre : politiques et membres de l’équipe de campagne des candidats, associations, confrères journalistes, médias, blogueurs, etc. Lorsque vous serez en reportage, vous pourrez garder un oeil sur ce fil pour ne pas passer à côté d’une actualité parallèle importante (intervention du Président, annonce du gouvernement, phrase choc d’un autre politique…). Vous pourrez alors recueillir tout de suite des réactions.

Cela peut paraître anodin, mais la production et la diffusion d’idées écrites noir sur blanc par les acteurs de l’actualité constituent aussi, pour le journaliste, une sorte de garantie le préservant de divers contentieux. Le politique aura plus de mal à déclarer qu’il n’a pas dit ceci ou cela si c’est écrit sur son compte Facebook ou Twitter.

FAVORISER LE CONTRÔLE CITOYEN DES PROCESSUS ÉLECTORAUX

L’élection présidentielle au Sénégal de 2012 en a été la preuve. Les réseaux sociaux ont été une parade essentielle contre les contentieux post-électoraux, mais aussi contre l’éventualité d’une guerre civile entre les pro-Wade et les opposants du président sortant qui se présentait pour un troisième mandat. Les journalistes – locaux notamment – ainsi que la société civile, ont pris la main sur la médiatisation des élections en publiant, au fur et à mesure sur les réseaux sociaux, les sondages à la sortie des urnes de chaque bureau de vote, avant même la diffusion des résultats officiels. La fiabilité de leur travail, qui s’appuyait également sur des données de recensement et des procès-verbaux était inattaquable. Les résultats étant déjà accessibles partout sur les réseaux sociaux lors des décomptes officiels, toute fraude a alors été impossible. Cette action citoyenne, complètement légale – car tout citoyen électeur et éligible est aussi un contrôleur légal et légitime d’un processus électoral – représente une étape vers l’instauration de bonnes pratiques démocratiques et d’une confiance dans les processus électoraux.


Attention : vérifiez avant de tweeter !
Publier un tweet revient à publier un article qui ne comporte que 140 signes. L’information doit y être tout autant vérifiée que lorsque vous l’écrivez pour les médias traditionnels. Il faut se méfier de l’immédiateté qui ne justifie en rien d’éventuelles erreurs. Ce n’est pas parce que c’est Twitter qu’il faut oublier les règles de base du journalisme. Et attention à l’orthographe !


TWEETER OUI, MAIS QUOI ?

En période électorale, il est important de tweeter ou de partager sur Facebook vos publications, les sons et liens web de votre radio, mais aussi d’autres médias apportant des points de vue différents. L’objectif est de proposer à vos abonnés une veille assez fournie sur une thématique donnée. Mais chaque journaliste a aussi ses petites habitudes sur Twitter.


Daïc Audouit (@daicaudouit), journaliste politique à France 3 Ile-de-France, estime que tweeter les verbatims d’un candidat lors d’un meeting politique n’apporte aucune valeur ajoutée (sauf pour les phrases-clés). Le journaliste préfère ainsi tweeter « ce que les gens ne voient pas » (ambiance de la salle…) et faire un peu de « teasing ».

Mariana Grépinet (@MarianaGrepinet), journaliste à Paris-Match chargée de l’Élysée, aime raconter sur Twitter les coulisses de ses reportages (pépins sur la route, temps pluvieux…). Par ailleurs, comme elle le suggère, le jour du scrutin, « si vous passez la journée au QG d’un candidat, vous pouvez décrire les différents moments de sa journée ou faire un micro-trottoir dans la ville ».


Dans vos tweets, vous pouvez également apporter des éclairages complémentaires (expliciter les sigles utilisés) et une contextualisation par rapport au discours prononcé (pourquoi le candidat évoque ce sujet, ce qu’ont dit les autres candidats, etc.). Enfin, les réseaux sociaux permettent d’établir une relation plus directe avec vos auditeurs. Interpellés, parfois critiqués, les journalistes sont confrontés aux réactions d’une audience plus large et plus diversifiée que d’ordinaire.