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08. Le journaliste : un instructeur civique ?

Pas de traitement citoyen de l’information et de l’actualité sans le renforcement de certaines connaissances de base de ces mêmes citoyens.

Ainsi, l’éducation civique par la radio est essentielle dans un contexte où une partie importante de la population n’a pas été scolarisée et où aucune autre institution – hormis le corps enseignant – n’en est vraiment chargée. Connaissance des institutions démocratiques, de la Constitution et des principales lois, des mécanismes d’exercice et de contrôle des différents pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), contre-pouvoirs, rôle des élus, des partis politiques et de la société civile, droits humains, droits des minorités, etc.

À l’approche d’une élection, le rôle du journaliste est non seulement d’informer sur le quotidien et les soubresauts de la vie politique avec ses leaders et leurs rapports de force, mais aussi de transmettre et de vulgariser ces connaissances au regard des grands principes démocratiques souvent négligés dans le débat public. Il est aussi de permettre aux citoyens de comparer les différentes offres politiques soumises au vote, d’en débattre et de les inciter à interpeller (comme doivent le faire les journalistes eux-mêmes) les responsables et candidats sur leur bilan et leurs promesses de campagne. Qu’ils soient seuls ou accompagnés par des experts et/ou des militants associatifs ou d’organisations de la société civile.

Bien sûr, pendant cette période – et parmi d’autres nécessités de la vie et du débat démocratique – le journaliste se doit d’informer l’auditeur sur le processus électoral et sur les conditions pratiques d’exercice du droit de vote et d’organisation du scrutin.

QUELS OBJECTIFS SE DONNER ?

  • Améliorer le niveau des connaissances civiques, en évitant de transformer certaines émissions en cours académiques et fastidieux.
  • Faciliter la prise de conscience des enjeux de la vie démocratique locale, sans jamais oublier le contexte historique, national, international et les contraintes géopolitiques.
  • Se réserver le droit de questionner/vérifier la crédibilité du processus électoral au regard du contexte politique du pays.
  • Participer à l’installation d’un climat apaisé pendant la campagne et après le scrutin, sans négliger la confrontation des orientations, des équipes et des points de vue.
  • Informer précisément l’auditeur sur les conditions légales et pratiques d’exercice de son droit de vote, en étant bien conscient que ce n’est pas l’essentiel de la vie démocratique et qu’il s’agit même souvent de sa partie la moins excitante.
  • Rester proche des préoccupations quotidiennes du citoyen, sans oublier qu’à travers les élections celui-ci délègue aussi le pouvoir de faire la guerre et de construire le monde de demain.

À TRAVERS QUEL TRAITEMENT ET QUELLES ÉMISSIONS ?

  • Créer au quotidien « un journal des élections » où sont traitées aussi bien les dernières déclarations des politiques que des informations pratiques sur l’organisation du scrutin.
  • Multiplier les occasions données aux citoyens d’exprimer leurs besoins et leurs attentes (reportages, forums d’auditeurs, micros-trottoirs) dans tous les domaines de la vie sociale et politique (locale ou nationale, selon la qualité du prochain scrutin).
  • Réaliser des émissions (débats ou tables rondes) où les auditeurs pourront comparer les orientations ou les programmes précis des différents candidats.
  • Organiser des débats de journalistes ou d’experts sur des sujets « transversaux » (Par exemple : « élections 2015, mais où sont les femmes ? », « quels sont les leaders qui montent ? », « pourquoi personne ne parle de la question énergétique et du développement ? », « faut-il avoir peur de la biométrie ? », etc.)
  • Proposer des émissions interactives où les auditeurs peuvent offrir des témoignages et obtenir des réponses sur des questions citoyennes auprès d’experts ou d’acteurs engagés de la société civile. Quelques exemples de sujets : « handicapés, malades, détenus, professionnels mobilisés… pourront-ils voter ? », « comment est constitué un bureau de vote ? », « quelles sont les priorités de réforme pour les jeunes électeurs ? », etc.