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10. Quelles sources privilégier durant la campagne ?

Aucune source seule ne détient la vérité. D’où la nécessité de les diversifier et de toujours chercher à les recouper. Selon les cas, le journaliste veillera à citer ses sources si cela s’avère pertinent pour crédibiliser l’information ou, à l’inverse, à les garder pour lui s’il estime que sa publication peut leur attirer des ennuis… ou si elles ont explicitement demandé l’anonymat.

SUR LE TERRAIN

Le terrain est la source première du journaliste. Ce sont tous les citoyens qui détermineront l’issue des élections. Et c’est bien eux qu’il faut questionner en priorité sur leurs besoins et sur leurs attentes. Le journaliste doit se rendre auprès de cette population (des grandes villes mais aussi des campagnes, des régions « marquées » politiquement sans oublier les plus « neutres » et pourquoi pas de la diaspora, si possible des pays voisins ou plus éloignés, afin de la sonder, de sentir sa perception et sa compréhension du processus électoral, de recueillir ses préoccupations et de porter sa voix.

Plus que d’autres, les radios de proximité ont cette capacité à faire remonter dans le débat public les questions concrètes d’intérêt général (question d’assainissement, d’électricité, de circulation, d’éducation des enfants, etc.). Le journaliste doit, de la même manière, se rendre auprès des sphères politiques, associatives et à des manifestations organisées par celles-ci. Cela en ayant défini un angle – qui peut bien sûr changer une fois sur place – en le gardant en tête tout au long du reportage, afin de ne pas se laisser complètement absorber par l’ambiance.


Qui dit « terrain » dit « reportage ». Certains enregistrements (micros-trottoirs thématiques) peuvent s’effectuer avant la période de campagne électorale. Certains resteront au « marbre » (« frigo ») et seront diffusés en temps utile.


PAR LA DOCUMENTATION

Le journaliste doit d’abord connaître, ou au moins avoir à portée de main, les textes de lois régissant l’élection : Constitution, lois électorales, fonctionnement des commissions spécialisées (CENI, CEI pour le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire) et des organes de régulation des médias. Les rapports officiels, d’agences, d’organisations internationales et de la société civile, et autres documents administratifs, sont également riches en enseignements.

LES SOURCES OFFICIELLES

Le ministère de l’Intérieur, la commission chargée de l’organisation des élections et tout autre organisme habilité à communiquer de façon officielle pendant la campagne ainsi que les résultats partiels le jour du scrutin constituent des sources officielles. Elles permettent de limiter les rumeurs et de nuancer les chiffres avancés par chaque candidat. Le journaliste doit néanmoins rester vigilent et critique envers ce type de sources.

LES OBSERVATEURS

Dans son carnet d’adresses, le journaliste doit avoir établi un premier contact avant le début de la campagne avec les organisations de la société civile chargées d’observer le scrutin. Le jour du vote, il recoupera leurs informations et impressions avec celles des observateurs internationaux. Il est aussi intéressant de donner la parole à des spécialistes et universitaires qui peuvent apporter leur expertise et leur connaissance des précédents scrutins.

LES POLITICIENS

Source sensible certes, mais incontournable. Il est essentiel de garder à l’esprit que les candidats, les chefs de partis et leurs représentants défendent leurs intérêts. Leurs déclarations peuvent toutefois servir de point de départ à une enquête.

ET AUSSI, PRUDEMMENT, LES AUTRES MÉDIAS

Les médias ne sont qu’une source de seconde main. Au journaliste d’éviter de reprendre sans vérifier les informations de confrères, car le risque est grand de diffuser une fausse information, d’être poursuivi pénalement et de perdre la confiance des auditeurs.

Les réseaux sociaux, les blogs et la sphère internet dans son ensemble, qui génèrent de l’information en continue, ne doivent pas être oubliés par le journaliste, mais consultés de façon prudente et recoupés à deux fois s’ils sont repris. La création d’alertes sur les moteurs de recherche (par exemple, alertes Google avec « nom du pays », « élections », « nom d’un parti ») permet de recevoir quotidiennement les informations disponibles.