Petit historique du fact-checking
Apparu dans les années 90 aux Etats-Unis, le fact-checking était initialement une matière pratiquée principalement par les journalistes d’investigation. Elle s’est progressivement développée dans les rédactions numériques au cours des années 2000-2010 pour venir contrer les nombreuses informations fausses trouvées en ligne, sur les réseaux sociaux, sites complotistes mais aussi parfois dans la bouche des responsables politiques.
En France, quasiment toutes les rédactions disposent de journalistes spécialisés dans la vérification des faits. A l’aide d’outils en ligne et de méthodes précises, ils mettent tout en oeuvre pour trancher des débats souvent techniques et difficile à cerner. Les équipes les plus reconnues pour leur travail sont probablement Les Decodeurs du Monde et Checknews de Libération. Certains sites internet se sont quand à eux fait une spécialité de travailler sur les théories du complot, comme HoaxBuster.
Une pratique quasi-scientifique qui accepte de dire qu’elle ne sait pas
Le fact-checking prend assez franchement le contrepied de la culture littéraire du journalisme francophone en lui appliquant les méthodes rigoureuses, quasi-scientifique, du journalisme anglo-saxon. Exit les états d’âmes, les prises de positions politiques, la parole donnée à tous les acteurs d’une problématique.
Désormais seul le fait est roi et un fait c’est quelque chose d’avéré, de précis, de défini. Les vérificateurs ne s’appuient que sur des documents (texte, image, photo, vidéo, rapport, etc) pour valider ou invalider les thèses débattues dans la société. Si une question ne peut pas être tranchée, ils tirent le fil de leur enquête jusqu’au bout et présentent leurs résultats au public, quitte à assumer de dire qu’ils n’ont pas toutes les réponses.
Le fact-checking à l’heure de l’infox
Pour pouvoir vérifier les faits, encore faut-il être d’accord pour considérer qu’ils représentent une forme de vérité. A l’heure de la post-vérité et de la forte résurgence du complotisme, difficile pour les vérificateurs de faire leur travail sereinement.
Ces dernières années, le fact-checking a été régulièrement critiqué. Il n’a d’ailleurs pas eu d’impact significatif dans le vote du Brexit au Royaume-Uni ou l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, deux scrutins dont les campagnes ont été particulièrement polluées par les fausses informations.